Rompre un CDD pour abandon de poste
L’employeur peut rompre un CDD pour abandon de poste en invoquant la faute grave qui autorise la rupture du CDD. L’employeur devra appliquer une procédure précise, proche de celle prévue pour le licenciement pour faute grave suite à un abandon de poste. Convocation à un entretien préalable à la rupture envisagée et lettre de notification de la rupture pour faute grave. Le non respect de cette procédure pourra être sanctionné. Mis à jour le 11 juin 2023.
La modification législative ayant créé une présomption de démission ne s’applique que pour les salariés en CDI. L’abandon de poste d’un salarié en CDD constitue donc toujours une faute grave.
Comment l’employeur peut-il rompre le CDD suite à un abandon de poste ?
La procédure de rupture du CDD
La rupture d’un CDD est possible pour faute grave, or l’abandon de poste caractérisé est en principe une faute grave. La rupture du CDD pour abandon de poste est donc possible en invoquant la faute grave du salarié.
Dans un premier temps, il convient toutefois pour l’employeur de s’assurer que l’abandon de poste est bien réel. Mais aussi, qu’il est possible de le qualifier de faute grave. Cette action préalable est essentielle.
La loi n’a pas prévu pour la rupture pour faute grave du CDD, l’obligation de suivre la même procédure que celle applicable pour le licenciement pour faute grave. Selon la jurisprudence, il convient de suivre la procédure disciplinaire.
Délais à respecter
La loi prévoit qu’une procédure de sanction pour faute ne peut plus débuter au-delà de deux mois après que l’employeur en ait eu connaissance. En conséquence, une rupture de CDD pour faute grave ou toute autre sanction disciplinaire n’est plus possible deux mois après la connaissance des faits fautifs. Par ailleurs, la faute grave étant « celle qui rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise », le déclenchement de la procédure de rupture du CDD pour faute grave doit intervenir rapidement. Mais, l’absence injustifiée durant tant que le salarié ne reprend pas son poste, elle continue à être sanctionnable. Toutefois, dans ce dernier cas, la question se pose de savoir si l’employeur peut encore invoquer la faute grave, qui seule permet la rupture du CDD. L’employeur s’il désire licencier le salarié en CDD ayant commis un abandon de poste, a donc intérêt à agir assez vite.
Contrairement au licenciement pour faute grave, la loi ne prévoit aucun délai minimum entre la convocation et l’entretien préalable à une rupture de CDD. Cependant, selon la jurisprudence, il convient de respecter « un délai suffisant ». Le 3ème jour après celui de la réception de la convocation par le salarié a été jugé suffisant dans une jurisprudence. Mais, pour tenir compte des délais d’acheminement de la lettre et d’une exigence pouvant être plus grande par certains juges, l’employeur a intérêt à calculer assez large.
Après l’entretien préalable, la rupture du CDD pour faute grave ne peut ensuite intervenir moins de deux jours ouvrables, ni plus d’un mois après le jour fixé pour l’entretien.
Les étapes de la procédure de rupture du CDD pour faute grave suite à l’abandon de poste
La mise à pied à titre conservatoire
S’agissant d’un abandon de poste, un débat oppose ceux qui soutiennent que la mise à pied conservatoire n’est pas logique, puisque l’employeur reproche au salarié son absence, alors que d’autres préconisent de la notifier au salarié. Pour notre part, nous considérons que l’employeur a intérêt à mettre à pied le salarié à titre conservatoire, dès lors qu’il considère que la faute grave est caractérisée et pourra être prouvée, si nécessaire.
La convocation du salarié à l’entretien préalable à la rupture du CDD pour faute grave doit absolument intervenir simultanément ou immédiatement après la mise à pied conservatoire.
La loi n’impose pas de forme particulière pour la notification de la mise à pied conservatoire. Cependant l’employeur doit éviter toute possibilité de confusion avec une mise à pied disciplinaire.
La convocation à l’entretien préalable à la rupture de CDD
Simultanément, ou immédiatement après la mise à pieds conservatoire, l’employeur doit envoyer, ou remettre contre décharge au salarié concerné, une convocation pour l’entretien préalable à la rupture envisagée du CDD pour faute grave. La convocation doit préciser l’objet, la date, l’heure et le lieu de de l’entretien. La convocation doit aussi rappeler au salarié qu’il peut se faire assister par une personne de son choix appartenant au personnel de l’entreprise. Contrairement à la règle lorsqu’il s’agit d’un licenciement pour faute grave, il n’y a pas de possibilité prévue de faire appel au conseiller du salarié pour l’entretien préalable à une rupture de CDD pour faute grave.
La convocation peut être soit remise contre récépissé, soit envoyée en lettre recommandée avec AR, ou encore en Chronopost.
L’entretien préalable à la rupture du CDD pour faute grave d’abandon de poste
L’entretien préalable à la rupture du CDD a pour but un échange entre l’employeur et le salarié. Ce dernier peut se faire assister par une personne de son choix appartenant au personnel de l’entreprise. Mais, il ne le peut pas par un conseiller du salarié.
L’employeur doit informer le salarié en abandon de poste de son motif de rompre le CDD. Et il doit aussi recueillir les explications du salarié.
La rupture du CDD pour faute grave devra ensuite respecter le délai minimum et celui maximum pour sa notification après le jour fixé pour l’entretien.
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La lettre de rupture du CDD pour faute grave pour abandon de poste
La lettre notifiant la rupture du CDD doit clairement indiquer qu’elle intervient pour faute grave pour abandon de poste. En outre, la décision doit être bien motivée. C’est à dire que la lettre doit bien exposer les faits fautifs. Sans quoi la rupture pourrait être jugée abusive.
L’employeur peut remettre la lettre en main propre au salarié contre récépissé, ou l’envoyer par lettre recommandée avec accusé de réception. L’article R1332-2 du code du travail précise que la sanction * fait l’objet d’une décision écrite et motivée ** .
* La rupture du CDD.
** C’est-à-dire très explicite.
La date d’envoi de la lettre de rupture du CDD pour faute grave, sera la date de fin du contrat de travail.
Autre lecture indispensable : Abandon de poste et CDD
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Article rédigé par Pierre LACREUSE, Sciences-Po Paris, licence en droit et DESS Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Ancien Directeur de la Gestion du personnel et des Relations Sociales, DRH, puis chef d’entreprise (PME). Et dernièrement Editeur juridique et relations humaines sur internet.
Vous pouvez aussi vous intéressez à un autre motif de rupture : la rupture du CDD pour inaptitude médicale. Certains salariés abandonnent leur poste, alors qu’ils pourraient relever de l’inaptitude physique ou mentale. D’autres s’interrogent sur la possibilité d’une rupture conventionnelle du cdd.
Sources : code du travail et jurisprudences de la Cour de cassation et licenciementpourfautegrave.fr/rompre-cdd.
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Bonjour,
Sur certains sites (juridiques ou pas) et beaucoup de forums, certains insistent pour dire qu’un abandon de poste CDD constitue une rupture unilatérale du contrat (par le salarié) et qu’en vertu de cette rupture illégale l’employeur peut invoquer devant les prud’hommes un préjudice pour réclamer des dommages et intérêts au salarié pouvant représenter les salaires des mois qu’il lui restent
Qu’en est-il exactement sur ce point ?
Cordialement
Bonjour,
Comme je l’indique dans l’article sur « Les risques de l’abandon de poste – salarié en CDD », l’employeur peut réclamer (en application de l’article L 1243-3 du code du travail) une indemnisation du préjudice que lui a causé un salarié en CDD en abandonnant son poste.
Ce n’est pas le remboursement des salaires jusqu’au terme du contrat que l’employeur pourra réclamer, mais la réparation du préjudice. Celui-ci devra être évalué par le juge prud’homal en fonction des éléments de fait et de preuve.
Cordialement.